Le retour du combat des anciens et des modernes

Le week-end dernier, mon garçon m’a gratifiée d’un « Ok boomer » pour couper court à l’une de mes tirades (négative)sur un YouTubeur.

Il a 8 ans…

Retour sur une expression devenue un gimmick, que l’on aurait tort de réduire à une simple punchline, aussi cinglante soit-elle !

Tout a commencé en 2018 sur TikTok avec la vidéo d’un sexagénaire qui interpellait les jeunes par un “The millennials and Generation Z have the Peter Pan syndrome, they don’t ever want to grow up.”

Des centaines d’ados lui ont répondu par un simple « Ok boomer », que l’on pourrait traduire par un poli mais néanmoins très efficace « Cause toujours l’ancêtre ».

L’affaire en est restée là, jusqu’à ce début de mois de novembre où la députée écologiste néo-zélandaise Chlöe Swarbrick (25 ans) a utilisé l’expression en réponse à l’interruption d’un député (baby-boomer et manterrupter, donc) alors qu’elle prononçait un discours sur la réduction des émissions carbone.

La fracture entre les générations n’est pas un phénomène nouveau. Ce qui est nouveau en 2019, c’est qu’elle se cristallise autour d’un sujet précis : l’urgence climatique.

Depuis son usage par Chlöe Swarbrick, « Ok boomer » est devenu le révélateur de la frustration des jeunes face au mépris et à l’inaction des « vieux » sur la question du changement climatique.

« Ok boomer », c’est une façon de clore le débat. De dénoncer la condescendance exprimée par les boomers vis-à-vis des angoisses des jeunes face au climat. Leurs réactions violentes à propos de Greta Thunberg sont l’illustration même de ce mépris.

« Ok boomer », c’est aussi une façon de renvoyer les « anciens » à leurs responsabilités, eux qui n’ont rien fait pour sauver la planète alors qu’ils en avaient (et qu’ils ont toujours) le pouvoir.

Mais il nous semble réducteur (voire un peu… boomer !) de parler de fracture générationnelle : il s’agit plutôt de l’affrontement entre deux civilisations.

Auteur :  Delphine Quelin, Responsable du Planning Stratégique dquelin@juniorcity.fr

Sources : The New York Times & Le Monde