YouTube : bien plus que du divertissement

1/3 des enfants de 5-8 ans disent passer quotidiennement plus de temps sur YouTube que devant la télé* (+10 points en un an). 25% y passent à peu près autant de temps. Des évaluations proches de celles des 9-10 ans.

Parallèlement, 40% estiment passer plus de temps devant la TV ou sur les plateformes de streaming : ils étaient encore 55% en avril 2023.

Ces estimations – qui sont de l’ordre du ressenti des enfants, non mesurées avec un chronomètre ! – reflètent une tendance de fond : année après année, YouTube est de plus en plus présent dans la consommation enfantine, malgré l’offre à laquelle plus de 4 enfants sur 5 ont accès sur les plateformes de streaming, Netflix et Disney+ en tête. Et malgré les efforts déployés par les chaînes jeunesse historiques pour conserver leur audience, Gulli demeurant en pole position*.

YouTube (et YouTube Kids) : le reflet de leurs centres d’intérêts. Avec, par ordre d’importance de ce qu’ils  consomment quasi quotidiennement : des dessins animés et des mangas pour les plus âgés (la plupart  disponibles sur les plateformes de VOD…), des démos de jeux vidéo, des vidéos de Youtubeurs (où les vidéos de découverte et d’unboxing de jeux-jouets tiennent une place honorable), des tutos d’activités artistiques … YouTube : leur première source d’information, d’autant plus incontournable quand ils possèdent un smartphone, avant que TikTok ne s’impose comme l’autre destination aspirationnelle, où ils retrouvent sous un autre format les mêmes influenceurs.

YouTube, qu’ils utilisent comme un moteur de recherche : dès l’instant où ils sont intéressés par un sujet, « Je cherche sur YouTube une vidéo qui en parle ! » commente Marceau du haut de ses 9 ans ½* ! Un média de vulgarisation dès le plus jeune âge, où les contenus produits par les YouTubeurs font bien souvent office de référence, et influencent leur jugement comme leurs habitudes de consommation.

À partir du CM, leur maturité leur permet de commencer à évaluer le niveau de sérieux des contenus. Ce qui est crédible et ce qui l’est moins. Ce qui est informationnel et ce qui relève du divertissement, quelle que soit la popularité des producteurs de contenus, qui ne peuvent s’affranchir de la fiabilité s’ils veulent pérenniser leurs activités. Des YouTubeurs qui se retrouvent finalement porteurs d’une responsabilité éducative, dont ils n’ont peut-être pas suffisamment conscience… ou dont ils n’assument pas la charge.

Un sujet plus sérieux que le simple amusement : la curiosité des enfants et des pré-ados trouve nombre de réponses à ses interrogations chez ces créateurs de contenus, dont ils apprécient le style et le ton, mais aussi la manière d’aborder des sujets non traités par la télé ou complexes à partager avec les parents, ou encore complémentaires aux apprentissages scolaires. Une bonne raison de considérer YouTube comme une source documentaire tout aussi légitime que la télé ou la presse, et de faire en sorte que les enfants apprennent à décrypter le plus tôt possible le vrai du « fake ». Qu’on les aide à identifier les productions dignes de confiance, car « C’est pas parce que ça vient de YouTube que c’est moins vrai que ce qu’on raconte à la télé », remarque avec justesse Justine, élève de CM2*.

Plus que jamais, à l’ère de l’omniprésence digitale et de la circulation de l’information sans contrôle, l’éducation aux médias et à YouTube en particulier est devenue un enjeu d’éducation essentiel.

*Source : NEW DEAL MÉDIA-2024 (1.400 familles avec enfants-ados de 3 à 18 ans interrogées) – terrain mené en avril 2024