Entre 6 & 7 familles sur 10 dépitées par la fermeture des magasins de jeux-jouets…

Voilà la proportion de familles avec enfants considérant injustifiée la décision gouvernementale de fermer les magasins de jeux-jouets, alors même que les magasins de jeux vidéo, les librairies et les disquaires demeurent ouverts*.

Plus leurs enfants sont jeunes, plus les parents sont nombreux à trouver cette décision « pas du tout justifiée », tandis que pour les plus âgés on est plus modéré dans ce jugement, avec une proportion de « mesure plutôt pas justifiée » sensiblement plus importante. Des résultats qui mettent en lumière l’importance des Spécialistes dans les achats pour les plus petits, pour lesquels le conseil et le choix sont primordiaux pour les parents… mais qui indiquent aussi que l’opinion se forge en fonction de ses propres besoins, bien moins que par soucis d’équité.

Des chiffres à prendre en compte dans le débat politique sur le bienfondé d’exclure les jeux-jouets de la liste des « produits essentiels » en période de confinement sanitaire, mais qu’il convient aussi de mettre en perspective des achats planifiés à court terme… avec moins de la moitié des parents déclarant avoir prévu d’acheter des jeux-jouets durant les jours ou les semaines à venir ! Et avec malgré tout des possibilités d’accès aux produits, offertes par le click & collect ou les ventes en ligne assurées pour partie par les Spécialistes eux-mêmes.

Certes, il est difficile de contester que jeux de société et jouets font partie des produits essentiels au bon développement et au bon équilibre des enfants, tant sur le plan psychomoteur que socialisant, leur permettant d’apprendre en s’amusant, de développer leur imaginaire et de les éloigner un temps des écrans… tout comme les livres… et les jeux vidéo… à l’exception près de la distanciation avec les écrans !

L’interrogation réside plutôt dans la raison pour laquelle les jeux vidéo sont reconnus comme « loisir culturel » (la question ne se posant bien évidemment pas pour les livres ni les magazines) alors que jeux de société & jouets ne le sont pas. En dehors de toute considération d’amusement procuré, c’est peut-être du côté du poids économique de l’industrie du jeu vidéo et de son image dynamique en regard du jeu-jouet que se situe une partie de la réponse ? Le jeu vidéo s’est démocratisé depuis longtemps : il est devenu le 1er loisir en France. Les représentants du secteur du jeu vidéo affirment que leur chiffre d’affaires est supérieur à celui de l’industrie de la musique & du cinéma réunies ! Selon eux, près de 2/3 des adultes actifs y jouent de manière au moins occasionnelle, avec une parité hommes-femmes. Il fait aujourd’hui partie de la pop culture et tend à se développer comme un média à part entière, créant lui-même de nouveaux héros pour les enfants, de nouveaux incarnants. Mario en est un exemple de longue date… Fortnite et Animal Crossing de manière plus récente.

Et puis la France, longtemps « terre d’exception culturelle », est aussi devenue une terre de création de premier plan, avec quantité de studios de création de contenu pour le jeu vidéo. Autant d’emplois et d’investissements portés par plus de 500 sociétés spécialisées dans la conception et l’édition… tout cela fait du poids ! Un poids qui pèse dans la balance, au point que la Ministre de la Culture se revendiquait elle-même en mars dernier « Ministre des jeux vidéo », déclarant que « le jeu vidéo est une expression culturelle majeure, ayant donc toute sa place au ministère de la Culture ! »  

Si jeux de société & jouets ne relèvent pas de la culture… et pour ne pas jouer dans la même cour, c’est alors peut-être du côté du Ministère de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse & des Sports qu’il convient de jouer des coudes et de faire le lobbying approprié… en rappelant au passage que Jeunesse commence par Jeu… comme découverte, éducatif, d’imitation, d’adresse, de rôle, de création, de construction, de réflexion, de stratégie… autant de raisons & d’occasions d’apprendre !

Auteur : Yves Cognard, CEO, ycognard@juniorcity.fr

*Source : sondage 200 familles le vendredi 9 avril + étude FamilyBus JuniorCity réalisée entre le 9 & le 15 avril 2021 (900 familles avec enfants de 1-14 ans, représentatives national)