Les collections, un phénomène entré dans l’immédiateté
39% des enfants de 4 à 12 ans font au moins une collection. Une bonne occasion pour s’interroger sur leur rapport au temps & à l’immédiateté.
Janvier 2024 : près de 2 enfants sur 5 se déclarent collectionneurs*. Comme toujours, avec une proportion plus importante de garçons (44% vs 33% de filles), plus avides de « cumuler » des trésors.
Qu’il s’agisse de cartes Pokémon ou de vignettes Panini, de jouets Kinder ou de Lego, de figurines Playmobil ou POP, de petites voitures, de billes, de fèves… il y a toujours une période durant laquelle les enfants se passionnent pour un phénomène de collection, que ce soit autour de leurs héros, du sport ou de la révélation d’un nouveau centre d’intérêt, se révélant parfois n’être qu’un engouement de quelques mois.
En dehors de phénomènes de mode, assez souvent éphémères, le propre d’une « véritable » collection est de se bâtir dans la durée. Elle demande de la patience, un investissement en temps & en argent (des parents), avec à la clé de belles émotions lorsqu’on découvre une carte rare ou qu’on accède à un exemplaire exclusif ou en série limitée. Cela nécessite parfois aussi des recherches ou des échanges, avec toutes leurs vertus éducatrices & socialisantes, afin d’amasser le plus possible à moindre frais. Une collection, ça se vit !
Un registre qu’exploitent à merveille les agences de promotion en charge de programmes de fidélité, créant des « mini collections » autour de licences génératrices de trafic le temps d’une campagne et surfant sur l’infidélité du collectionneur-zappeur, apte à se passionner intensément l’espace de quelques semaines. Car une « mini-collection » chasse l’autre.
Le propre d’un marché d’offre reposant sur des phénomènes liés à une actualité qui n’existe que par sa médiatisation, peu importe le degré d’innovation.
La réponse à l’étonnement ou au regret de certains boomers de constater un manque d’implication ou de persévérance des enfants d’aujourd’hui se trouve pour grande partie dans ce foisonnement d’offres. Plus encore peut-être que pour leurs ainés, l’environnement des enfants semble n’être fait que d’immédiateté, se traduisant par une sensation ou une réalité de cruel manque de temps. À tel point qu’on arrive même à s’interroger s’ils ont encore assez de temps pour jouer… ?
Question de point de vue, car la moitié des 9-12 ans (47%) considèrent qu’ils s’intéressent « très longtemps » aux sujets qui les intéressent particulièrement, comme une collection, une activité de loisirs ou une série TV dont ils se disent fans, tandis que 20% seulement trouvent qu’ils se lassent assez vite, « zappant d’une passion à une autre » facilement**. Avec des garçons un peu plus passionnés, 55% d’entre eux considérant « rester impliqués longtemps dans une même activité » (vs 47% pour les filles). Un élément convergent avec la plus grande proportion de garçons collectionneurs. La durée est une question de relativité & de perception toute personnelle. Ainsi, lorsqu’ils évaluent le temps qu’ils passent sur un écran « pour y découvrir de nouvelles choses », 2/3 d’entre eux estiment y passer « le juste temps », vs 30% qui pensent ne pas en consacrer assez**.
Le temps s’organise et s’étalonne en fonction de leurs envies, et peu ont finalement l’impression de manquer de temps. La grande majorité n’a pas conscience d’être zappeuse et dans l’immédiateté permanente, tout en reconnaissant ne pas avoir trop le temps d’attendre… puisqu’ainsi va la vitesse du monde & des médias.
*Source : Junior#Crush édition 2024, observatoire annuel des centres d’intérêt et des comportements de consommation des 4-14 ans et de leurs familles, 750 familles interrogées
.** Source : Family-Bus – mesures
effectuées entre le 11 et 20 janvier 2024.