25% – un ratio (encore) rassurant
1/4, c’est au 20 novembre la proportion de parents d’enfants de 4 à 14 ans ayant commencé ou étant sur le point de commencer leurs achats de jeux-jouets en ligne. Un chiffre en recul de 10 points par rapport au même sondage effectué 2 semaines plus tôt, tandis que 60% des shoppers sont en attente de la réouverture prochaine des magasins spécialisés & des rayons saisonniers d’hypermarchés pour commencer ou continuer leurs achats, alors qu’ils étaient seulement 44% début novembre*.
Cette évolution de posture du consommateur se veut rassurante en partie pour les commerçants traditionnels de la filière, car on peut y lire une attente & une forte espérance dans la réouverture prochaine des magasins.
C’est aussi la traduction de l’importance que revêt encore la volonté ou le besoin pour une majeure partie des shoppers de jeux-jouets d’aller au contact du produit en magasin pour le choisir, alors que tout a déjà été dit ou presque sur la situation catastrophique dans laquelle la filière se trouve plongée depuis début novembre, sur l’iniquité concurrentielle entre commerce digital & physique, sur la définition de produits essentiels ou non, ou bien sur la décision « perdant-perdant » de Bercy.
Tant du côté des industriels que des distributeurs, pour lesquels la quadrature du cercle dans les 5 semaines à venir sera de faire face à l’afflux de consommation en un laps de temps restreint. Un problème de débit & de logistique en magasins, comme sur les plateformes de commerce en ligne, faisant craindre débordements, ruptures de stocks voire pénuries, files d’attente en magasins, et… finalement des enfants déçus en bout de course(s) le jour de Noël…
Ces lignes sont écrites au moment où l’on annonce un accord de principe entre les enseignes majeures de la distribution alimentaire, les pure-players et les autorités pour une réouverture concertée des magasins toute fin novembre, avec un Black Friday reporté, qui risque bien d’avoir grise mine.
Outre cette analyse, rassurante ou non selon son rôle dans la filière ou son niveau d’optimisme, quand on prend un peu de recul, cette situation amène 2 commentaires, l’un sur la forme, l’autre sur le fond.
Tout d’abord, et quand bien même elle fait apparaître l’iniquité de la situation entre hypermarchés et spécialistes, ainsi que « le jeu avec les limites de la loi », il faut saluer la capacité d’adaptation des commerçants dans leur réinterprétation des règles du drive et du click-&-collect… qui s’est ainsi rapidement transformé de « commande à distance en ligne » en « picking préparé en zone interdite avec commande préalable quelques minutes avant sa visite en magasin pour ses achats de produits essentiels… » Pour sûr, les lutins du Père-Noël ne sont pas restés les 2 pieds dans le même sabot ! Instinct de survie ? On sait parfaitement se réinventer quand il y a péril en la… boutique.
Et puis, de manière macro, cette situation nous met en perspective ce que pourrait bien être le retail de demain, avec le savoir-faire & le pouvoir des e-commerçants majors qui font trembler tout un pan de la distribution traditionnelle, mais qui permettent d’assurer la continuité de la vie avec les produits non-essentiels.
Faisons tomber les masques… la réalité frappe à la porte : la mutation du commerce de proximité spécialisé en omni-canalité n’est pas (encore) optimale, même avec une offre plus large. Et même si une partie des consommateurs dans un élan de citoyenneté & de résistance veulent encore sauver leurs commerces de quartier, la jeune génération ultra-digitalisée & connectée ne risque-t-elle pas de ne pas avoir ces états d’âme… au nom de ses habitudes, de la praticité & d’un individualisme croissant en période de chamboulement ?
*Source : extrait étude Kiddibus JuniorCity – vague de novembre – 1.000 familles avec enfants de 4-14 ans interrogées entre le 17 & le 19 novembre 2020.
Auteur : Yves Cognard – CEO – ycognard@juniorcity.fr